Appel à contribution, « Travail « de service » et travail cognitif, immatériels et immesurables ? Des nouvelles antinomies du capitalisme contemporain »

« Cher·e·s collègues,

Le Groupe de Recherches matérialistes a le plaisir de vous transmettre l’appel à contribution pour ses prochains Cahiers (http://grm.revues.org) sur le thème :
« Travail « de service » et travail cognitif, immatériels et immesurables ? Des nouvelles antinomies du capitalisme contemporain », coordonné par Jessica Borotto, Alain Loute, Oriane Petteni et Sophie Wustefeld.

Au sein de deux numéros dont le premier paraîtra en décembre 2016, nous proposons de problématiser les rapports complexes entre mesurabilité et matérialité du travail dans le cadre de la mondialisation néolibérale et dans le contexte de ce qu’on a appelé le « capitalisme cognitif ». Pour ce faire, il nous semble pertinent de convoquer à la fois les analyses féministes qui se développent ces dernières années dans le domaine du travail « de service » (Paola Tabet), « du care » ou du travail « considéré comme féminin » (Jules Falquet) et celles qui se rapportent plus précisément à la précarisation et la financiarisation de la production de connaissance, issues d’analyses marxistes plus traditionnelles.

Les articles pour le premier numéro sont à soumettre au comité de coordination pour le 15 octobre 2016.

Dans celui-ci, nous proposons aux auteur·e·s d’interroger la mesurabilité et la matérialité du travail « de service », « du care » ou du travail « considéré comme féminin », en comprenant celui-ci dans un continuum depuis la figure de la nounou ou de l’aide-soignante à celle de la travailleuse du sexe. Ces figures, paradigmes de l’intersection ou de la consubstantialité (Kergoat) des problématiques classes, genres, sexes et races (Elsa Dorlin (dir.), Sexe, race, classe, pour une épistémologie de la domination) permettent d’interroger la mondialisation néolibérale à travers les interdépendances multiples et les nouvelles exploitations qui se créent entre les populations et les classes autours de ce type de travail (Ibos, Hoschild, Falquet).

Le caractère dé-mesuré du « care » ou du travail de service est un élément ambivalent. Tantôt revendiqué comme obstacle à la rationalité gestionnaire, notamment par Pascale Molinier (Le travail du care, p. 72) qui y voit le concept de travail inestimable chez Jean Oury, il semble pourtant pouvoir être la source de l’exploitation des travailleur·e·s (Caroline Ibos). Un des objectifs de ce numéro est d’encourager les ponts entre les références féministes et les épistémologies produisant une critique de la technique ou de la mesure comprise dans son actuel sens restrictif (e. a. Alain Supiot, Emmanuel Didier, Isabelle Bruno). Ces travaux devraient permettre, d’une part, de préciser les formes existantes d’évaluation et de contrôle des métiers de service dans un contexte de rationalisation. Les techniques de benchmarking, le passage d’une logique de subordination à une logique de programmation (Supiot) par des indicateurs de résultats chiffrés constituent autant de « mesure » de la démesure du soin qu’il serait intéressant de questionner. D’autre part, ces travaux ouvrent également sur ce qui pourrait constituer un usage émancipateur de la mesure de ces formes de travail. L’ouvrage Statactivisme, comment lutter avec des nombres, examine ainsi différentes pratiques « statactivistes » qui permettraient de défaire la « logique hégémonique de quantification ». Comment l’articulation de la mesure et la démesure dans le travail de service – dont la sociologie du travail social a montré que sa résolution était genrée, les assistants sociaux valorisant les actes professionnels objectivables, tandis que davantage d’assistantes sociales valoriseraient « des savoirs-être qui, eux, ne se mesurent pas » (M. Modak) – participe-t-elle aux logiques de précarisation du travail ?

Vous trouverez l’argumentaire complet et les précisions concernant chacun des numéros à l’adresse suivante : http://grm.hypotheses.org/1599.

Dans l’attente de vos contributions que nous espérons nombreuses,

Pour le GRM,

Sophie Wustefeld
Doctorante en philosophie politique
ULg »

Laisser un commentaire